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Last modified by Ludovic Dubost on 2019/06/17 20:12

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Macron et gilets jaunes: tristesse et déception

Depuis 3 week-ends maintenant, Paris est mis à sac. Le mouvement des gilets jaunes sert de paravent à des casseurs et pilleurs ainsi qu'à des extrémistes qui tentent de fracturer la société française. On ne peut évidement pas cautionner ces actions violentes. Je compatis avec les propriétaires et employés de boutiques qui doivent maintenant passer leurs dimanches à réparer.

Les gilets jaunes ont une part de responsabilité en lançant des manifestations non cadrés et non organisées, mais les gilets jaunes eux-mêmes ou en tout cas la grande majorité ne sont pas violents et ont des problèmes et revendications légitimes.

Mais surtout, malheureusement, Macron et le gouvernement ont la totale responsabilité de la situation du fait de la politique et d'une méthode qui a renforcée la fracture déjà existante dans la société. 

Je suis chef d'entreprise et je fais partie des français qui "profitent" de la politique économique et fiscale de Macron, mais je ne l'approuve pas.

Il y a deux ans, lorsque j'ai soutenu la campagne d'Emmanuel Macron, je soutenais le "en même temps" qui agirait aussi bien pour l'économie mais aussi pour le social. Je soutenais surtout une intelligence d'analyse et d'action capable de comprendre la complexité d'une société en changement et capable de prendre en compte l'aspect social. 

Visiblement je me suis trompé et le gouvernement n'a pas été capable de prendre en compte cette complexité et la difficulté des plus démunis dans notre société, ni engager un dialogue au jour le jour afin de convaincre que les mesures sont bonnes et ne pas les mettre en place s'il n'est pas capable de convaincre.

Je viens d'entendre Benjamin Griveaux sur BFM TV dire que "la réponse est dans le temps long". Peut-être est-ce vrai, mais entre temps les changements fiscaux pour les plus aisés n'ont pas été fait dans le temps long, mais bien dans le temps court. Lors de multiples débats on entend la République en Marche dire que le parlement a été élu pour cette politique, en oubliant que 4 candidats ont fait 20-25% et qu'aucun n'a donc la légitimité pour un quelconque programme. La seule légitimité d'un président et d'un gouvernement dans cette situation est d'écouter et de travailler afin de mettre en place les actions que la majorité soutient. Si le gouvernement veut prétendre avoir la légitimité totale pour son programme, qu'il vienne le proposer sous forme de référendum, et dans le cas contraire, qu'il soit bien plus prudent et regarde chaque mesure en tant que tel et l'ensemble des mesures pour leur équilibre.

En soutenant Macron, je soutenais l'arrivée de la société civile au parlement, ainsi que de la proportionnelle. Qu'en est-il aujourd'hui ? La proportionnelle n'est toujours pas en place et la société civile au parlement ou au gouvernement, si elle est présente, n'est pas représentative de la population française. Ou sont les représentants des plus démunis et des ouvriers. Ou sont les différents métiers (agriculteur ou autres) présentés par la république en marche aux élections ? 

En soutenant Macron, je soutenais une vision pragmatique pour l'économie et les entreprises, pas une vision de "moins d'impôts et de cadeaux aux riches". Les problèmes du gouvernement et de Macron sont autant dans les actes que dans la méthode. On ne peut pas demander aux Français les plus démunis des efforts et en-même temps améliorer la situation des plus riches. Macron veut gérer la France comme une entreprise, mais justement dans une entreprise l'humain est clé. Quel patron de PME coupe le salaire de ses employés ou licencie et en même temps se paye des dividendes, augmente les cadres dirigeants et peut croire que cela va fonctionner ? Clairement Macron n'a pas su équilibrer ses actions pour l'économie et celles pour le social. Si les bénéfices de la politique sont à long terme pour les plus démunis, alors les mesures économiques ayant pour effet de rendre de l'argent aux plus aisés auraient dû être mis en oeuvre de façon progressive, et surtout s'assurer que ces mesures auront immédiatement de l'effet positif global. Pourquoi rendre l'ISF d'un coup en "espérant" qu'il sera re-investis et non donner plus d'exonérations d'ISF en cas d'investissement ? 

Même du côté de la technologie, la vision de la "startup nation" commence à me hérisser le poil. En mettant en avant surtout l'aspect économique de la technologie. J'ose espérer que les startups qui réussissent sauront renvoyer l'ascenseur ou rester françaises, ce dont je doute fortement. Notre position actuelle au niveau de la tech ne laisse pas beaucoup d'espoir de voir des startups se faire racheter en France et nous allons à mon sens assister à nombre de rachats par les leaders américains renforçant les GAFAMs. J'ai beaucoup de mal à voir une solution qui ne soit pas Européenne et fortement basé sur le logiciel libre et open-source. Si Mounir Mahjoubi a de nouveau apporté son soutien au libre au Paris Open Source Summit 2018, et si effectivement l'état agit dans ce domaine, je ne vois pas autant de soutien pour la filière économique du logiciel libre que pour la "startup nation" et la "french tech" ni suffisamment d'actions au niveau européen.

En quelques semaines, l'effet des mesures pro-entreprises pour les aider à se développer risquent d'être quasi-effacées. Qui va payer si le budget de l'état prend une claque ?

Il va être maintenant difficile de sortir de cette situation et de voir Emmanuel Macron de nouveau être audible. Espérons qu'il va tirer un peu plus de leçons de cette situation au delà de traiter les "gaulois" de "réfractaires". La France n'est pas encore tombé dans l'extrémisme ou dans le populisme, mais que ce passera-t-il aux prochaines élections ?
Si une part de proportionnelle avait été mise en place dés le début du quinquennat avec une stabilité politique, Macron aura-t-il le courage de la mettre en place maintenant alors que cela amènerait sûrement la fin de son gouvernement voire une instabilité politique ?

Espérons que la prise de parole de Macron va enfin venir et que la méthode va changer et surtout les actes et qu'un équilibre va être rapidement retrouvé entre mesures économiques et mesures sociales. Il peut encore montrer qu'il a pris la mesure de son erreur d'analyse et reconnaitre qu'il a oublié ce qu'il disait lors de sa campagne, qu'il écouterait les français et leur donnerait une place dans le système de décision. Cela passe par un parlement représentatif ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

#REZIST

Suite à cet article de mediapart montrant en exemple la résistance de la rue en Roumanie (mais aussi en Islande ou au Bresil), indiquant qu'en France l'indignation ne suffit plus face aux affaires (Cahuzac, Sarkozy, Fillon, Balkany), j'ai décidé de changer ma photo de profil en réutilisant le #rezist utilisé en Roumanie. Ceci me permet au passage de faire un hommage à mes amis en Roumanie qui sont allés dans la rue pour défendre leurs idées.

Pourquoi je soutiens la campagne d'Emmanuel Macron ?

Cet article est aussi publié sur medium.

J’ai plutôt tendance à être discret sur mes opinions politiques même si elle peuvent sûrement être vues dans certains de mes tweets et quelques articles de blog, et aussi si je n’ai pas caché une certaine aversion pour le comportement et le discours de Nicolas Sarkozy, ayant naturellement voté pour François Hollande, pour autant sans énorme enthousiasme:

Les anciens présidents

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy représente pour moi le summum de l’ego-centrisme politique, qui m’hérisse le poil à chaque fois que le vois apparaître, et son copinage avec les riches et les stars ne laisse pas de doute sur ses priorités. Sur le plan économique, si son quinquennat a été pendant la crise des sub-prime, cela n’enlève en rien son rôle sur l’explosion de la dette tout en ayant peu d’effets positifs sur la majorité des français y compris les plus démunis.

Hollande et les valeurs progressistes

Du côté de François Hollande, face à Nicolas Sarkozy, j’étais convaincu qu’il serait moins antagonisant pour la société Française et que son programme de centre-gauche nettement moins pire qu’une vision de droite conservatrice au service des riches, la vision populiste et nationaliste de l’extreme droite, et les risques d’un programme de gauche forte de nous voir déconnecté de la réalité de la compétition fiscale et économique internationale. Par ailleurs j’espérais que les valeurs de gauche seraient la au niveau de la société civile et de la sécurité.

C’est d’ailleurs sur les valeurs de gauche que j’ai été le plus déçu. Le quinquennat a bien commencé avec le “Mariage pour Tous”, qui est une avancée progressiste malheureusement combattue trop fortement par certains par un triste aveuglement ancré dans des valeurs d’un autre temps. Il est d’ailleurs inquiétant de voir un candidat majeur François Fillon être soutenu par “Sens Commun”, l’association issue du mouvement contre la loi “Mariage pour Tous”. Cependant après cela et la politique sécuritaire suite aux attentats est pour loin des valeurs de gauche. En lieu et place de courage politique, en expliquant aux Français que renoncer à nos valeurs de liberté est le meilleur moyen de faire gagner les terroristes, le gouvernement a régulièrement voté et présenté des textes portant atteinte à nos libertés fondamentales, à commencer par l’Etat d’Urgence décrété le 13 Novembre 2015 et toujours en place (voté jusqu’au 15 Juillet 2017) et en passant par le projet de déchéance de nationalité aussi scandaleux qu’inutile. Tant que ces mécanismes sont en place dans une démocratie fonctionnant bien, certains sont efficaces mais d’autres mécanismes sont sans effet, et tous mettent en danger notre démocratie en cas d’arrivée au pouvoir d’un président ou parti non respectueux des institutions de notre pays. Pour parler geek, le parlement à lui même installé un “rootkit” ! Croisons les doigts.

Hollande et l’économie

Sur le plan économique mon sentiment est qu’on a eu un programme de centre droit gestionnaire peu ambitieux. Peut-être n’était-il pas possible de faire mieux dans le contexte international, mais justement ce qui me déçoit le plus est la communication. Pour moi un président de Gauche peut faire ce type de politique économique si c’est ce qui permet le meilleur résultat pour la majorité de nos concitoyens y compris les plus démunis, mais s’il ne peut pas aller plus loin il doit l’expliquer et prendre position internationalement sur ce qui empêche d’aller plus loin.

Personnellement je suis convaincu que ce n’est pas qu’en France qu’il faut militer pour un monde plus juste mais aussi dans les autres pays. Il faut aussi expliquer que si nous sommes en concurrence avec des pays plus pauvres que nous, ceux-ci ont aussi le droit et le besoin de gagner des parts de marchés. C’est aussi en expliquant que la solidarité est un besoin mondial et non uniquement national, que nous pourrons faire comprendre la nécessité pour les très riches et aussi les cadres supérieurs de payer les impôts permettant la solidarité avec les plus démunis d’entre nous ne pouvant pas être compétitif au SMIC avec un travailleur chinois ou roumain, mais pour autant ayant besoin d’un salaire décent pour vivre en France. C’est aussi en expliquant un peu plus haut et fort, que si le système fiscal international permet aux entreprises les plus riches de la planète (suivez mon regard vers la petite Pomme) d’échapper à l’impôt aussi facilement nous allons vers un monde ou la seule façon d’avoir du succès sera d’être le libérateur fiscal du voisin, ce qui forcement ne va pas coller pour tout le monde. La France doit rester un pays compétitif et attirant pour tous (riches et pauvres), mais la France doit aussi montrer la voie.

La proportionelle

Par ailleurs, les deux derniers Présidents ont tous les deux douchés un de mes espoirs pour la politique en France, qui est de voir revenir la proportionnelle (pour 50% du parlement). Ils avaient tous les deux promis une part de proportionnelle en 2007 et 2012, et discrètement ont abandonné la mesure. Sarkozy ayant même fait très fort, en re-promettant en 2012 ce qu’il avait promis en 2007. Je vais revenir sur pourquoi je trouve important le retour de la proportionnelle et ce avec l’entrée au parlement massive du Front National bien que ce parti est bien évidement à l’opposé de mes idées et valeurs.

Emmanuel Macron

Comment je me suis documenté

Aujourd’hui, j’ai décidé de changer cela et de soutenir activement la campagne d’Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle.

Comme tout le monde, j’ai entendu parlé de Macron par la télévision et la presse, comme un personnage plaisant aux médias, clairement “bankable”, et je m’étais fait une idée superficielle de sa candidature: je le voyais dans la ligne du gouvernement actuel, ambitieux pressé d’arriver au pouvoir. Je n’avais pas regardé son discours de plus près. J’avais juste entendu dire que sa conviction et méthode de médiation semblait très efficace. Assez occupé cette année (comme d’habitude) par XWiki, je n’avais pas trop le temps et je nourrissais assez peu d’espoir pour cette présidentielle.

En Novembre, en discutant de la primaire de droite, un ami (Yves) me faisait regarder une interview video d’Emmanuel Macron et le discours m’a d’emblée attiré. J’ai donc décidé de creuser un peu et de me documenter sur l’homme, le mouvement, la démarche et les idées. J’ai acheté son livre dans une petite librairie un Dimanche et regardé des vidéos en ligne: 3h de questions/réponses sur Mediapart et la France qui subit à Strasbourg.

Quel candidat ? Quelles idées ?

Et là je dois dire que j’ai découvert un candidat différent de ce que j’imaginais initialement. La première chose que j’ai vu dans les vidéos c’est qu’Emmanuel Macron a quelque chose de plus. J’ai été surpris par l’étendue des sujets qu’il maitrise, par la technicité de ses réponses, et j’ai trouvé qu’il semblait patient pour expliquer et re-expliquer (ce qui me semble primordial pour le futur) et qu’il faisait cela sans arrogance. J’ai ressenti dans son discours une maitrise des sujets économiques, et une lucidité sur la situation, et une place importante portée à la situation des français démunis. Bien sûr, on lui reproche d’avoir travaillé dans une banque d’affaires, peut-être est-il téléguidé pour planter la gauche. Quoiqu’il en soit en moins de 6 mois le mouvement “En Marche” a réussi à rallier un grand nombre de partisans.

Le clivage droite-gauche

Sur le point le plus important: les idées, l’aspect qui m’intéresse tout particulièrement chez Emmanuel Macron est la volonté de casser le clivage droite-gauche.

Personnellement je ne me suis jamais reconnu dans ce clivage. Si vouloir la liberté d’entreprendre et la concurrence au lieu de corporatismes est de droite alors je suis de droite. Si vouloir que les employeurs payent des charges et les individus des impôts et en particulier importants quand ils sont riches est être de gauche, alors je suis de gauche. Si être contre la mariage pour tous est de droite, alors clairement je ne suis pas de droite. Si vouloir maintenir des administration publiques inutiles et inefficaces est de gauche, alors je ne suis pas de gauche. Si croire qu’imposer des règles à toute les entreprises au moindre abus d’une grande entreprise est être de gauche, alors je ne suis pas de gauche. Si avoir de la solidarité avec les migrants est être de gauche, alors je suis de gauche. Si penser que l’égalité des chances est déjà là et qu’il suffit de bosser pour réussir quelque soit son origine sociale, c’est être de droite, alors je ne suis pas de droite. Si penser que la liberté d’entreprendre est une opportunité pour tous c’est être de droite, alors je dois être de droite. Si penser que le capitalisme ne marche pas comme il faut c’est être de gauche alors je suis de gauche. Si penser que les marchés ne devraient pas exister est de gauche alors je ne suis pas de gauche !

La proportionnelle

Dans ses propositions, Macron parle de remettre une part de proportionnelle, ce qui est un point que je trouve particulièrement important. En effet pour moi c’est le système actuel, maintenu par peur du Front National, qui sclérose notre système politique. Avec le système majoritaire, nous avons deux partis qui n’évoluent pas et qui contrôlent tout. Toute politique qui tente de sortir de ce clivage est marginalisée. Seule l’élection présidentielle permet de “tenter” un coup mais si ensuite on refuse la main tendue par le leader d’un des deux partis dominant, le résultat est immédiat: plus de députés, plus de financement. Bayrou en a fait l’experience avec presque 20% à la présidentielle, il n’a eu que 2 députés au parlement et son parti a implosé. Bien sûr on va expliquer que la France sous la 4ème république est ingouvernable et on continue à attendre un homme providentiel qui ne peut pas venir et surtout qui sera un jeune de 55 ans qui aura gravi les échelons d’un des partis dominant. L’absence de renouvellement, c’est la place aux arrangements politiques et aux copinages, aux Balkany qui sont encore membre des Républicains et élus alors qu’il y a suffisamment d’éléments pour les exclure préventivement.

L’arrivée du Front National en force aux élections, du fait de la perte de crédibilité des partis dominants bloqués dans ce système, aggrave encore la situation. L’élection 2017 va se jouer au 1er Tour et non au second, symbole ultime de l’absurdité du système de vote (je pourrais vous faire un article complet sur les Votes de Condorcet dont la mention majoritaire utilisée par la Primaire Citoyenne, initiative très intéressante mais n’ayant à mon sens pas assez rassemblée). Les Primaires sont dans ce contexte encore plus absurdes envoyant dans le cas de la Primaire de droite un candidat fortement à droite. Pour la primaire de gauche il reste à savoir si les militants vont faire un choix sur les idées (en envoyant un candidat fortement à gauche) ou sur la tactiques politique (avec un candidat plus au centre). Dans un cas comme dans l’autre la question du premier tour sera tactique et les Français ne pourrons pas choisir leur meilleur candidat mais devront voter utile en fonction de sondages. Si Macron est élu, pourra-t-il ou voudra-t-il tenir cette promesse d’introduire une part de proportionnelle, on ne le sait pas, mais quoiqu’il en soit le diagnostic fait par lui sur ce sujet rejoint mon opinion.

La technologie

Par ailleurs, entrepreneur dans la Technologie, je suis convaincu que la technologie est une opportunité immense pour l’humanité et pour tout le monde, mais en même temps combiné au système capitaliste régulé par les règles actuelles, elle risque très fortement, au mieux de profiter massivement aux plus riches en laissant les autres là où ils sont, ou au pire de faire imploser le système. La Démocratie, L’Economie de marché et l’Innovation ont apporté au cours du 20ème siècle des progrès immenses permettant d’améliorer la vie de beaucoup d’humains, certains en profitant plus que d’autres tandis que certains sont restés au bord de l’autoroute (si elle existe dans leur pays), y compris en France. Il n’est pas plus acceptable de continuer à laisser autant d’humains en France ou ailleurs au bord de la route du progrès, que de voir notre système démocratique partager aussi in-équitablement les richesses créées. C’est d’autant plus inacceptable que beaucoup d’indicateurs montrent que la situation empire et donc que les choses ne vont pas dans le bon sens. L’élection de Trump aux USA et la montée des populismes ailleurs, est un signe du mur vers lequel nous allons.

C’est aussi cette vision qui m’amène à préférer développer XWiki en Open Source car cela rend accessible notre logiciel à tous et laisse quelque chose partagé, au delà des emplois technologiques que nous créons.

De mon point de vue la technologie va bouleverser un monde significativement inégalitaire. Refuser les innovations et ne pas adapter notre économie à l’innovation n’est pas une solution. Laisser tout faire en n’ayant pas en tête les bouleversements possibles n’est pas une solution non plus. Il faut faire en sorte que la technologie soit au service des humains et non pas au service de l’enrichissement de quelques-uns. Ce problème est un problème de gauche, mais dont la solution demande une compréhension forte de l’économie, des marchés, de la technologie, de l’international. La solution n’est ni de droite ni de gauche.

De l’intelligence

C’est là que je trouve la candidature de Macron intéressante, car il va falloir beaucoup d’intelligence et de technicité pour avancer dans ce monde, et il faudra aussi beaucoup d’éducation pour expliquer et présenter la vision à long terme. Macron propose une vision progressiste et libérale, poussant la valeur “travail”, tout en portant une attention importante à la solidarité et au modèle social Français. Son discours est pragmatique cherchant la meilleure solution avec une analyse technique des solutions possibles. C’est un candidat qui parle aussi d’Europe, ce qui malheureusement manque beaucoup.

Des critiques ?

Bien sûr il y a des critiques venues de gauche ou de droite, “énarque”, “candidat des banques” pour la Gauche dure, à la fois “in-experimenté” et “responsable du programme de Hollande” pour la Droite, “arrogant et ignorant de la vie des Français” pour Martine Aubry. Bien sûr c’est quelqu’un qui a réussi, dans le privé comme dans le public, venu de la Province, rentré à l’ENA, passé par une Banque d’Affaires pendant 2 ans, mais ayant longuement aussi travaillé pour l’Etat. A mon sens on devrait plutôt se féliciter qu’il revienne au service du pays. Être riche ne veut pas dire qu’on n’est pas soucieux des problèmes du monde. Regardons par exemple les actions et paroles de Bill Gates aujourd’hui plutôt que le PDG de Microsoft d’hier. Le plus important en final est la sincérité et les actes. Aujourd’hui je pense que si en France l’Economie peut être mise au service de tous, c’est le seul candidat que je vois capable de le faire. Si il faut convaincre nos partenaires d’avancer ensemble pour un monde plus juste, je le vois capable de le faire.

Forcement Emmanuel Macron n’est pas parfait et on va lui trouver des casseroles plus ou moins bien ficelées. C’est le jeu de la politique. Cependant l’objectif est de choisir le meilleur candidat pour la présidentielle qui porte les changements les plus importants. Pour moi casser le clivage droite-gauche est un de ces changements.

Est-ce qu’il peut gagner ?

En 2017, il faudra choisir, et moi je choisis et soutiens Emmanuel Macron. Je le fais maintenant car demain il sera trop tard. Le choix qu’Emmanuel Macron a fait de jouer en dehors des partis est un choix audacieux et risqué. Aux USA, Trump a pris le parti Républicain pour être élu. En France, Macron aurait pu tenter de prendre le parti socialiste, mais cela aurait été à la fois difficile avec un système de primaire favorisant un candidat fort dans le parti plutôt qu’un candidat qui pourrait rassembler, et incohérent avec sa vision des partis. Maintenant en dehors des partis, avec le FN avec des intentions de votes importantes, un candidat PS, plusieurs candidats d’extreme Gauche, un candidate à droite, un François Bayrou qui n’a pas annoncé sa position, le vote est compliqué. Il faudra atteindre 25% pour passer au second tour. Mais c’est faisable, les sondages le montrent, et si le mouvement En Marche peut continuer à rassembler et le projet d’Emmanuel Macron être expliqué, il peut passer devant Fillon ou encore mieux Marine Le Pen.

Pourquoi soutenir Macron ?

Je vous invite à lire et écouter le programme de Macron et celui des autres candidats de droite comme de gauche.

Amis de droite, convaincus que le marché est libre et juste, il nous faut un Président qui à la fois comprenne l’économie et puisse avoir conscience des inégalités dans notre pays, pas un Président poussé par son parti pour servir uniquement les acteurs économiques et en particulier les plus riches.

Amis de gauche, convaincus que le libéralisme est un gros mot, il y a plus de points communs entre les valeurs de gauche progressistes et la liberté d’entreprendre qu’entre les valeurs de gauche et les règles immobilistes. Le libéralisme, s’il n’est pas “ultra”, peut réduire le chômage et s’il est accompagné de solidarité pour ceux qui n’y arrivent pas ou pour les bas salaires, être plus efficace que le système actuel générateur de chômage.

Electeurs déçus de tout, vous ne risquez pas tant que ça en essayant quelque chose de nouveau. Si Emmanuel Macron n’est pas au rendez-vous cela sera uniquement une déception de plus, mais au moins nous aurons essayé. Et peut-être que la domination des partis pourra être cassée au passage et permettre à la politique d’évoluer.

Pourquoi donner pour la campagne ?

Pendant les congés de Noël, Sunny Paris, un collègue entrepreneur, a écrit un article sur son soutien financier à la campagne d’Emmanuel Macron. Il y liste avec tout un tas de bonnes raisons avec lesquelles je suis en accord. Son article m’a encouragé à passer d’un soutien passif à un soutien public, et peut-être à un soutien actif si le temps le permet. J’ai donné pour la campagne car c’est important. Hors des partis majoritaires, mener une campagne demande de lever des fonds avant tout. Sans moyens, il est difficile d’être visible, surtout si certains dépassent les plafonds de dépenses de campagne.

Ludovic Dubost
Entrepreneur Open-Source

 

Comment mesurer la valeur de l'économie collaborative ou d'un logiciel libre - le CA et le PIB ne sont plus des indicateurs valides

En suite à mon billet intitulé "Impacts d'Internet et des Nouvelles technologies sur la société: nous n'avons encore rien vu" ou j'ai parlé de l'économie collaborative, une question se pose sur comment mesurer la valeur de l'économie collaborative ou d'un logiciel libre. Traditionnellement on va mesurer le prix (donc le CA) qui rentrera dans le PIB. Or dans le cas d'un produit gratuit, tel un logiciel libre ou comme l'information contenu sur Wikipedia, le prix est "zéro", et donc suivant cette règle de mesure, la valeur est ainsi zéro. 

Quand on pense que Wikipedia serait peut-être une des choses les plus intéressantes à emmener sur une île déserte, même avant la nourriture, puisque avec la connaissance on saurait en produire, on ne peut pas imaginer que Wikipedia contribue ou zéro ou quasi zéro à notre société. 

Ceci pose de sérieux problèmes qui seront grandissant au fur et à mesure de la croissance de l'économie collaborative.

Chez XWiki nous nous sentons tout particulièrement concerné par ce problème car nous voyons nombres d'articles de presse qui sont parler de telle ou telle société ayant levé 5M$, ou de sa croissance de CA. Régulièrement on nous demande notre CA. Lorsque nous faisons des dossiers pour les projets de recherche financés, on nous demande le retour sur investissement du projet, mesure une fois encore en chiffre d'affaires et en croissance économique. Nous voyons aussi des classements publiés en CA et aussi les "magic quadrant" du Gartner avec des minimums de CA important ainsi qu'une non prise en comptes de clients "gratuits". Pour nous même aussi nous aimerions savoir quelle est notre utilité sociale et économique. 

L'article suivant Beyond GDP - Measuring Value in a Service-oriented, Information-based, Digital Economy explique ce problème et donne quelques pistes de reflexion...

Impacts d'Internet et des Nouvelles technologies sur la société: nous n'avons encore rien vu

Depuis le début de ma carrière j'ai été attiré par la technologie et par les possibilités apportés par l'Internet. Dés mon premier emploi j'ai voulu travailler dans ce domaine.
J'ai eu la chance depuis 1995 de participer à de grandes innovations, d'abord autour d'Internet et maintenant avec XWiki au mouvement du logiciel libre.

Internet, les Logiciels libres, les technologies ont eu un impact important sur la société. Aujourd'hui un enfant va dés son adolescence vivre dans un monde connecté. Il pourra passer des années loin de son pays en restant en contact avec celui-ci. Il pourra accéder à des ressources éducatives presque infinies. Il pourra commander n'importe quel produit en ligne et se le faire livrer. On a vu une nouvelle économie naître et prosperer. Il est possible aujourd'hui pour une entreprise de vendre dans le monde d'entier de son salon. Du côté de 'l'ancienne économie' il y a des impacts mais ceux-ci sont encore presques légérs, probablement plus lentement que ce qu'on imaginait en 1990.

Pour autant je pense qu'aujourd'hui nous n'avons encore rien vu des changements que l'innovation technologique va avoir sur la société. Les impacts sur l'ancienne économie s'accélèrent. De nouveaux modèles d'affaires continuent à emerger non seulement dans le monde des technologies mais surtout dans le monde non-technologique. Les innovations continuent à affluer et des choses qu'on ne pensait pas possible il y a 10 ans le sont dés aujourd'hui. 

Récemment j'ai lu quelques livres vraiment intéressant sur ces sujets:

- Zero Marginal Cost Society de Jeremy Rifkin
- Race against the Machine et The Second Machine Age d'Eric Brynjolfsson et Andrew McAfee accessible aussi en slides sur le site de la Maison Blanche

Ces livres disent la même chose sur la technologie. Les possibilités offertent par la technologie affluent plus vite qu'on le pense et les changements sur la société et l'économie risquent d'être plus rapides que sa capacité à absorber des changements brutaux.

Pourquoi les possibilités technologiques affluent de façon accéléré ?

...

Lettre ouverte à nos députés et à Axelle Lemaire: coup de Gueule contre les lois absurdes sur les stages

Depuis quelques années, régulièrement de nouvelles lois sont votées pour encadrer encore plus les stages en entreprise:

- stage de moins de 3 mois rémunéré à un tarif minimum et maintenant moins de deux moins
- règles indiquant qu'un stagiaire ne peut pas remplacer un salarié
- règles indiquant qu'un stagiaire doit avoir les mêmes droits qu'un salarié (Tickets Restaurant, horaires, etc..)
- pas de stage sans convention tri-partite

Il a même été évoqué un taux maximum de stagiaire en entreprise (10%).

Finalement si on veut fermer la porte des entreprises aux jeunes, c'est parfait et c'est exactement ce qu'on fait avec ce type de loi.

...

Votre exil fiscal, Pierre Chappaz, assumez le pour ses vraies raisons

Daniel Glazman vient de publier "libertarien mon cul" en réponse à un article de Pierre Chappaz, exilé en Suisse et donneur de leçons politiques à la France préconisant des mesures pour favoriser le retour des exilés fiscaux (plus d'ISF, moins d'impôts, moins de charges, etc..).

Moi aussi l'article de Pierre Chappaz me fait réagir. Comme Daniel je suis un entrepreneur et heureux et fier d'entreprendre en France et qui quelque soit le revenu que je fais ou que je pourrais faire dans le futur ne souhaite pas s'exiler pour payer moins d'impôts, même si la France est un des pays ou on en paye le plus.

Je ne crois pas qu'il faut tout faire pour faire revenir mes exilés fiscaux. Il y aura toujours un pays avec moins d'impôts soit plus petit comme la Suisse ou d'autres paradis fiscaux qui ont la possibilité d'aspirer les ressources des riches des autres pays pour obtenir un bel équilibre, ou d'autres pays qui sont prêt à faire moins pour combattre les inégalités (comme l'Allemagne qui à joué la carte de plus bas salaires pour augmenter sa compétitivité et ce au prix d'une augmentation des inégalités et une augmentation des travailleurs pauvres, on comme beaucoup de pays emergents avec des normes sociales beaucoup plus faibles)

Je ne crois pas qu'il faut renoncer à notre modèle pour appliquer celui que voudrais Pierre Chappaz, car ce serait renoncer à une vision du monde qui doit nous rendre fier.

Je ne crois pas que réduire le filet social est un modèle pour le monde entier et je n'ai pas envie de vivre dans un pays qui laisse sur le bord de la route trop de personnes qui n'ont pas la chance d'être né dans le bon milieu social et qui n'ont pas eu les capacités naturelles ou l'éducation suffisante pour s'en sortir.

Oui bien sûr il faut faire attention à la compétitivité car il sera difficile pour une entreprise de survivre si elle est concurrencé par des entreprises qui ont des conditions bien plus favorables pour faire les mêmes produits. Oui bien sûr on peut améliorer l'usage de l'argent public en France et réduire les dépenses. Oui bien sûr il y a des profiteurs du système.

Mais il ne faut pas se tromper de problème. Augmenter la compétitivité de façon massive dans les pays qui ont un filet social important veut automatiquement dire le réduire et augmenter les inégalités. Cela veut dire aligner nos normes sociales aux normes les plus basses. Tout tirer vers le bas. Oui bien sûr pour l'entrepreneur cela peut être une situation plutôt favorable
(j'en sais quelque chose, XWiki a 50% de ses employés en Roumanie et nos employés vivent une - petite - "concurrence" sociale et de niveau de vie de leurs pays respectifs).

Contrairement à Pierre Chappaz, mon avis est qu'il ne faut pas que la France renonce à son filet social et qu'il faut bien le payer d'une façon ou d'une autre, et que oui il faut que les plus aisés y contribuent.
Nous devons aussi convaincre d'autres pays pour que le filet social soit relevé dans d'autres pays, y compris dans les pays emergents. En ce moment même, il y a des pressions envers l'Allemagne pour qu'elle dynamise son marché interieur (par une augmentation des salaires).

Nous devons aussi convaincre d'autres pays que la concurrence fiscale est vaine au niveau mondial. Quand Google, Apple, Amazon peuvent déployer leurs prouesses technologiques en Europe en déplaçants leurs revenus jusqu'au Bermudes en passant par la Hollande, l'Irlande ou le Luxembourg, oui il y a un problème serieux.

Est-ce que la France devra réduire un peu ses taxes ou plutôt les modifier. Oui sûrement. Est-ce qu'il faut repenser certaines dépenses, bien entendu. En particulier il reste beaucoup d'aides qui n'ont pas de conditions de ressources (y compris l'allocation chômage).
Pour autant la vision de Pierre Chappaz est bien trop orienté vers ses propres interêts plutôt que motivé par l'interêt général. 

Pierre Chappaz, quand on s'exile fiscalement c'est un choix délibéré, pas une obligation. Comme le dit Daniel, si vous avez les moyens d'aller à Genève, vous avez bien sûr les moyens de payer vos impôts en France.
Si dans ces conditions vous vous exilez, ne nous balancez pas que c'est à cause d'un soi-disant "climat anti-riche", assumez que c'est parce que vous préférez garder vos sous sur votre compte, plutôt qu'ils participent à une redistribution bien nécéssaire.

Assumez surtout que vous préférez un monde favorable au capitaux que vous avez plutôt qu'un monde qui combat les inégalités (je vous invite à lire le dernier livre de Thomas Piketty très intéressant sur ce sujet)

Quel "climat anti-riche" ? Vous vous sentez en danger dés que vous passez la frontière ? On vous saute dessus pour vous vider votre portefeuille ? Vous vous être pris des tomates ?

Sérieusement, assumez et ne parlez pas pour les "entrepreneurs français". Il y en a encore beaucoup et il y en a beaucoup prêt à partager le fruit de leur labeur quand le succès sera au rendez-vous.

Ludovic Dubost
Entrepreneur en France

Claude Allègre attaque Internet et la Gratuité

Claude Allègre dans un article publié sur le site du Point, titré "Non à la commercialisation du gratuit", fait plusieurs attaques contre la Gratuité (hors monopole de l'état !!!!!!), l'Internet ("jungle inextricable").

Jean-Michel Planche c'est fendu d'une réponse assez complète à laquelle j'adhère largement et je ne vais pas répondre sur ces parties. Par contre, en tant que PDG d'une entreprise qui fait "don" de son source sous licence libre et qui "commercialise" cela, forcement cela demande de répondre.

Le plus choquant pour moi est cette phrase:

"Comme l'a bien montré Maurice Godelier dans son livre « L'énigme du don », la gratuité sans échange doit rester un monopole de la collectivité, de l'Etat, qui l'organise de manière à préserver l'équité. Si le don n'est pas un échange, il aliène celui qui reçoit et détruit le lien social."

J'hésite à dépenser des sous pour lire ce livre qui d'après Claude Allègre est une si belle démonstration sûrement scientifique de l'immense déchéance que représente le fait de participer à l'activité sociale en partageant le fruit de son travail de façon libre et gratuite (ce qui n'exclut pas la possibilité d'en vivre). En tout cas dés que j'entends le mot "monopole" j'ai peur. Et ce quelque soit ce monopole, privée ou public, payant ou gratuit.

Mais qu'est-ce que la "gratuité sans échange" ou la "gratuité avec échange" ? L'article de Claude Allègre est sur ce point fait l'allégations complètement gratuites et pas claires. 

Il me semble extrêmement présomptueux de vouloir réguler ce domaine la. Il n'y aurait plus de limites, et on dériverait rapidement vers la dictature des idées. 

Peut-être que la gratuité peut créer une "aliénation" ou plutôt une "dépendance" mais comme l'a montré notre industrie informatique le fait d'acheter n'empêche pas non plus cette dépendance. La seule chose dans notre domaine qui empêche la dépendance c'est "l'open source" (qui est gratuit par corollaire à un certain point) puisque qu'il donne des libertés à l'utilisateur. 

Pour ce qui est de détruire "le lien social" je ne sais pas trop de quel lien Claude Allègre parle, mais au contraire les échanges sur Internet à base de contenus gratuits et/ou de sites ou logiciels gratuits et souvent open-source sont générateurs d'un lien social bien plus fort et solide. Les communautés par exemple du logiciel libre sont un exemple fort. 

Pour autant la gratuité peut-être un leurre, mais ce n'est pas la "gratuité sans échange", mais pour moi c'est la "gratuité sans liberté". Lorsque j'utilise un produit gratuit ou non, je me méfie non pas du fait de la quantité d'argent que j'ai donné (ou non en cas de gratuité), mais je me méfie de la liberté que j'ai d'arrêter de l'utiliser. Je me méfie de l'investissement personnel (ou en groupe avec mes amis ou mon entreprise) que je fais dans cette solution qui pourrait changer unilatéralement sans que je ne puisse rien faire. Je me méfie aussi du degré d'ouverture et de liberté de modification au produit, car cela à un impact sur son évolution future (un produit fermé arrêtera un jour d'évoluer car unilatéralement son propriétaire ne voudra pas le faire évoluer dans la "bonne" direction. C'est le mécanisme darwinien ou anti-darwinien induit par la fermeture de la solution). Et si j'ai investi dans cette solution qui n'évolue plus j'ai perdu, et ce que la solution soit gratuite ou payante.

Prenons un exemple: Skype.

  • Skype est gratuit pour les services de base.
  • Pourtant Skype rapporte beaucoup d'argent et pas par la publicité, mais par les services additionnels.
  • Skype est très fermé (les APIs sont pas terribles, incompatibles d'une plateforme à l'autre, le réseau n'est pas ouvert aux autres réseaux).
  • Mais Skype est un bon produit bien fait (hormis que ce matin sur iPhone il plantait bien), et nous l'utilisons dans notre entreprise avec succès.
  • Nous payons d'ailleurs pour les communications Skype-out que nous faisons avec Skype (mais en même temps elles sont moins chères que bon nombre d'opérateurs fixe).

Mais Skype appartient à eBay et n'a pas beaucoup évolué ces dernières années. Aujourd'hui l'innovation est sur Jabber et le standard XMPP. Jabber est open-source et XMPP un standard. Google Talk utilise ce standard. La dernière innovation de Google, Google Wave utilise aussi ce standard. Mais chez XWiki on utilise "Skype" car cela à mieux marché pour nous pour des petits détails. Mais je suis conscient que cela nous "coince" dans une solution qui n'est pas porteuse d'innovation, alors que la solution Jabber/XMPP l'est. 

Le même exemple est valable pour un logiciel propriétaire payant. Et le contre exemple est valable pour une solution gratuite comme Google Talk qui est ouverte aux standards, et ce point de vue la si Google est monopolistique dans le domaine de la recherche et dominateur sur la publicité sur Internet, il faut reconnaitre que c'est un bon citoyen "open source" et du monde des "standards". Le code source de Google Chrome, d'Android et bientôt de Google Wave en fait un contributeur majeur de l'open source (ce qui ne rend pas Google exempt de défauts ni de volonté d'être dominant).

Ce n'est pas le don qui est un facteur d'aliénation, mais l'absence de liberté, qui en informatique correspond à l'absence de "standard" et l'absence d'ouverture (APIs ou Source du logiciel). A l'inverse la liberté par les APIs par l'Open Source est un facteur de progrès phénoménal, car il permet au logiciel d'évoluer.

Il y a bien sûr une complexité, qui est le lien entre "Open-Source" et "Gratuité". Si c'est open-source c'est forcement gratuit ? Et si c'est gratuit (ce qui n'est pas obligatoire), il n'y aurait pas de revenus et le produit ne peut pas se développer. C'est en effet une difficulté à court terme, car en diffusant le logiciel gratuitement (ce qui n'est pas obligatoire) on réduit un peu le financement jusqu'à que le volume de business induit par la diffusion massive compense cela. Je ne vais pas m'étendre sur le fonctionnement du "business model" open source ici, mais juste vous dire qu'il y a des sources de financement et que c'est bien la liberté des entrepreneurs de décider la façon dont ils veulent développer leur entreprise.

La chose qui est importante et qui m'a fait créer une société en Open-Source c'est le fait d'être convaincu que mon entreprise sera un "meilleur" citoyen en faisant de l'open-source, que ce soit par notre production ou par le faire de participer au fait que les logiciels et solutions informatiques soient plus ouvertes et respectueuse des standard (voir les longs articles de Tristan Nitot sur le Standblog qui explique que l'impact de Mozilla va au delà de Mozilla lui même puisque cela met la pression sur les autres développeurs de navigateurs pour supporter les standards).

Mais loin de moi l'idée de vouloir imposer quoique ce soit aux autres entrepreneurs. Je reconnais la liberté de développer son entreprise comme bon lui semble, et je regarderais en tant qu'utilisateur chaque solution qu'on me propose en pesant le pour et le contre. Et en informatique l'aspect open-source comme l'aspect respect des standards sera un aspect important car facteur à mon sens de liberté et de progrès social, et je ne manquerais pas de le dire à mes clients et prospects. C'est en fait au même niveau qu'acheter "bio" ou "équitable".

De ce point de vue, l'article de Claude Allègre est choquant car il s'érige en porteur de la vérité absolue et en moralisateur. L'Internet n'en est qu'à ses débuts et s'il déstabilise des business existants porteur de progrès social, ce n'est que minime par rapport au progrès social direct et indirect crée par ces outils. Plutôt que se battre pour essayer de protéger coûte que coûte des systèmes obsolescents le monde politique devrait beaucoup plus s'intéresser à comment favoriser encore plus de progrès avec l'aide d'Internet.