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Last modified by Ludovic Dubost on 2019/06/17 20:29

Ces derniers temps, il y a plein de signes qui montrent que le secteur Internet va vivre une deuxième vague. Aux USA les investissements dans les startups sont repartis depuis un moment, en particulier sur des domaines nouveaux:

* On-Demand: IPO de SalesForce.

  • Logiciels sociaux: SixApart, Linked-In, SocialText, JotSpot.
  • Open-source: JBoss.
  • Google ou d'autres on fait leur shopping: blogger, picasa, keyhole, furl, bloglines, 43things.

    La pub repart et les services existants annoncent des bons résultats.

    En France aussi on voit du renouveau. Mandrake sort du rouge. Kelkoo est bien vendu. Free est en croissance.

    Les blogs créent un dynamisme assez intéressant et on voit de nouveaux projets foisonner:

    * Are you net

  • UneInvitation
  • Blog Marks
  • Via Bloga
  • Gnomz
  • PhotoWays
  • Bien sûr XWiki

    Parmi les créateurs de projet il y a des jeunes qui font vraiment des choses épatantes. J'en oublie d'autres comme 6nergies.net, viaduc.fr, etc... (n'hésitez pas à en ajouter).

    Mais aujourd'hui j'ai l'impression que l'industrie française, les investisseurs et les pouvoirs publics ne sont clairement pas au rendez-vous ! Je passe depuis un certain temps quelques heures avec mes contacts de précédents boulot qui connaissent bien le monde de l'investissement ainsi qu'avec quelques grandes entreprises intéressées par XWiki.

    Ce que j'entends:

    * "le seed-money en France on en fait plus, mais sur 2/3 trimestres de revenus, tout est possible !!" (seed-money: argent qui est investis pour le démarrage de l'entreprise)

  • "leve de l'argent aux US, après les investisseurs français viendront frapper à la porte"
  • "surtout ne pas passer par le processus d'achats standard de l'entreprise, sinon on est parti pour 6 mois"

    Donc en conclusion, pour lever de l'argent il faut prendre l'avion, ou alors se développer d'abord en vendant. C'est plutôt facile quand on travaille sur un projet qui est basé sur le volume pour être rentable et qui demande donc des investissements en plateforme et marketing. Quand on a comme moi la possibilité de faire un service Internet comme un logiciel, on se heurte aux politiques attentistes des entreprises: cycle de 6 mois pour faire un achat sur lequel on va te saigner alors que tu es déjà venu avec un prix agressif pour essayer d'accélérer le processus (enfin en le croyant). Il est un peu dommage de voir que mes premières références vont être aux USA.

    Finalement, il faut croire que tout le monde est satisfait de ne pas avoir ni d'industrie logiciel, ni d'industrie Internet. On se satisfait aussi que quand par miracle, une société arrive à décoller, elle se revende au concurrent américain (peut-être qu'avec le succès de SkyBlog, on va voir un groupe américain racheter SkyRock !!!)

    On peut bien sûr aussi passer les 3/4 de son temps à remplir des dossiers ANVAR ou d'autres aides au lieu de faire avancer son produit. Pendant ce temps la les sociétés américaines continuent à développer avec soit de l'argent levé, soit un relatif confort grâce a du seed-money. Et certains se développent très bien en autofinancement (comme JBoss l'a fait jusqu'à une levée de fond) avec des clients nettement moins attentistes.

    Il est temps de faire quelque chose. L'état peut revoir sa politique au niveau de l'ANVAR sur ce qui est considéré de l'innovation (il n'y a pas que les projets industriels à grande echelle, de biotech ou de nanotechnologies), et peut aussi faire des gestes incitatifs envers le seed-money et les business angels. Les investisseurs peuvent travailler avec des Business Angels pour relancer une vague d'investissement dans les jeunes pousses.

    Les patrons qui ont déjà réussi dans la première vague de l'Internet peuvent être des coachs pour les jeunes pleins d'idées. Ils peuvent sûrement investir aussi à titre personnel ou par leurs entreprises.

    Les grandes entreprises pourraient prendre conscience de l'importance d'avoir un tissu économique informatique local et encourager le travail avec des nouvelles sociétés locales. Elles peuvent faire passer des messages en interne pour réduire les procédures et faciliter l'accès aux marchés pour ces sociétés.

    Dans certains cas, des entreprises établies dans les nouvelles technologies peuvent investir dans les sociétés dont elles utilisent les produits. C'est souvent un ticket très gagnant. Par exemple Yahoo a lié le choix de Google comme moteur de recherche à un investissement dans la société. Rien que l'utilisation de Google par Yahoo a donné de la valeur à l'investissement de Yahoo ce qui n'a pas été démenti (la volonté ensuite de Yahoo de reprendre la main sur la partie recherche et finalement se retrouvé à avoir aidé son concurrent est une autre histoire).

    A moins que je sois aveugle, je ne vois rien de cela en France, alors que cela semble arriver régulièrement aux USA. Alors soit les personnes en place ne bougent pas, soit ce sont les idées des créateurs qui sont nulles. Vu que je suis convaincu qu'il y a énormément de bonnes idées en mouvement, je penche plutôt pour un attentisme latent. Alors je gueule.. Gueulez aussi !

    PS: ce coup de gueule n'est bien sûr pas adressé aux personnes avec qui je suis en contact et avec qui on avance (pas toujours assez vite) pour rentrer dans une relation commerciale, mais bien à l'environnement ambiant qui n'incite pas au support des jeunes pousses.

    PS2: remplacez France par Europe et cela marche aussi. Et ce n'est pas avec des brevets logiciels qu'on va resoudre le problème. Voir l'analyse de Michel Rocard (Malheureusement cet article n'est plus en ligne)